La conscience, (re)connaissance du sens ?

Conscient / inconscient / sous-conscient

Quand on tente d'évaluer nos présences d'esprit (à une personne, un événement, une situation), on distingue souvent les réalités qui nous habitent en conscience (pensées, sentiments, désirs, volontés) et les phénomènes dits inconscients (psychiques, physiologiques) qu'on postule opérer à notre insu.

Ce faisant on tend à considérer l'inconscient comme ± inatteignable, situé même hors champ moral, et qu'on peut seulement avoir à scruter par accompagnement en psychothérapie ou psychanalyse.

Or la conscience que l'on a des êtres et des choses est un processus plus mouvant, comme beaucoup de réalités qu'on peut rejoindre dans toute leur étendue si on leur reconnaît : et une part émergente, et une part sous-jacente. Ce qu'illustre par exemple la maxime : le paraître, c'est de l'être émergent.

L'hypothèse d'un sous-conscient apte à monter en conscience, comme conscient sous-jacent plutôt qu'inconscience, dit la réalité d'actes humains que la conscience sait mettre dans sa nuit ou son jour.

Vieil Humain, humain en renouvellement

Le postulat que coexistent en chaque-un deux figures d'humanité, dont l'une croît si l'autre diminue, s'origine dans l'idée que siègent en nos "soi" deux ordres de lois : lois de la matière et lois de l'esprit, opérant en sens contraire. Le sens commun, déjà, en fait le constat : le partage d'un fromage divise ce bien matériel en autant de convives ... le partage de l'amitié multiplie sans limite ce bien spirituel.

Il est dans "l'ordre servant" de la matière de s'ordonner à l'esprit. Mais l'esprit tend à s'incliner, pour en jouir, vers les biens matériels qu'il croit pouvoir dominer. Alors la part Vieil Humain (VH) opère chaque fois que mon esprit fait son idole de la matière qui incarne. Mon Vieil Humain est matérialiste : enflure de mon esprit emporté dans le jeu de ses atouts maîtres, dupe des valeurs dominantes de sa fibre porteuse, adepte du donnant-donnant et non du don reçu. En état VH, mes valeurs fibriques m'handicapent spirituellement du fait de leur usage à contre-sens, car l'ignorance que je nourris pour mes tendances complémentaires me prive d’une complétude. Le vieil humain de chacun est celui des pesanteurs dominant nos maturations en chemin d'humanité. Ex. à creuser : les paradoxes de la bonne conscience (≠ de la conscience bonne) et de la mauvaise conscience (≠ de la conscience mauvaise).

Quand je vois le vieil humain dans le sous-conscient de l'autre, c'est par mon vieil humain sous-conscient que je le vois ! Et tant que je me dis : "l'enfer, c'est l'autre", c'est que de l'infernal est aussi en moi. Pourtant les ennuis endurés par le VH sont les appels paradoxaux à servir la vie. Toute crise de vie mortifiant mon vieil humain vivifie l'humain en renouvellement (hr).

D'entraide paradoxale à synergie éthique

Woody Allen mûrissant pourrait dire : "on passe sa vie à corriger les bêtises qu'on fait jusqu'à la fin". S'agit-il d'entreprendre une conversion solitaire, par l'introspection morale ? Pas possible par nature. Car nos yeux (charnels et ceux de l'âme) ne sont pas tournés vers soi d'abord, mais vers les autres. S'occuper de son vieil humain, soigner ses complémentaires, suppose de sortir de l'individualisme ...

On peut parler de « synergie paradoxale » quand j'ai raison contre le vieil humain de l'autre - au point parfois d'ébranler sa conscience, de contribuer à un retournement - mais pas assez pour mon propre humain en renouvellement. Un moindre mal ?

Pour le bénéficiaire de mon alerte, un bien extraordinaire ; pour moi, un appel à voir dans les humiliations qui viendront la chance de m'y faire, à mon tour, du bien.

Une formation qui se veut de fond, et qui n'est pas associée à une reprise et remise de soi partagées, ajoute du poids aux prétentions de savoir-faire dominant. Chercher plus en inter/intra-générations des compagnonnages libres, où l'on s'apprend, s'encourage, à convertir nos prises de butin de la vie. Coopérations et amitiés d'entraide se mûrissant, d'hommes-loups à je-u-nous, pour une synergéthique ?