En marches vers le sens des personnes ?

Même si sa mise en valeur paraît bien lente d'un millénaire à un autre, on observe que la qualité de personne gagne en reconnaissance, dans les mœurs, les pratiques et le langage. Les contre-exemples pullulent, mais malgré impuissances et absences, nos consciences d'individus et de peuples s'élèvent. Avec cohabitation en nous du désir du bien et de l’abandon à une pesanteur ?

Personne, quasi-personne, soi et l'autre

"Persona", en latin : masque d'acteur. Comme pour signifier que la personne, c'est le souffle passant à travers la figure de matière. Le mot individu peut, lui, désigner aussi bien des animaux, des plantes. Ce mot de personne est étonnant dans la langue française. Il dit aussi bien : quelqu'un que : aucun !

Un dictionnaire donne de la personne cette définition : "individu qui a une conscience claire de lui-même et qui agit en conséquence". Autre définition : la personne est "le corps, l'apparence extérieure". On dit aussi de l'être, en tant qu'il est par lui-même : soi. L'autre étant … un autre « soi ».

Le terme personne morale (≈ quasi-personne) est utilisé pour désigner des institutions incorporelles (entreprises, associations, …) fondées par des personnes physiques. Voir la personne comme un être corporel avec ses états d'esprit ?

Notre matériel fibrique, nos états d'esprit

La déclaration, dite "universelle", des droits des humain-e-s affirme l'égalité en droit des personnes. Pourtant, les inégalités matérielles et naturelles dominent beaucoup de pratiques socio-individuelles. Si donc l'humanité établit progressivement une loi de bien commun au-dessus des lois de la jungle, c'est que l'emporte la croyance au fond à l'égalité d'états d'esprit, transcendant l'inégalité matérielle.

On peut aussi postuler que sont intimement unis en chaque personne :

  • sa fibre, "tissée" matériellement (à l'image d'une chaîne tonale entrecroisant une trame modale (à voir le sujet :

« identité et tempérament »)

  • son esprit, un transcendantal de la matérialité ; partie de soi à atteindre qui n'est plus matérielle.

N’y-a-t-il pas en chaque personne comme une tension de l'esprit ? D’un côté, libre par nature, de l’autre, exposé à s'enchaîner dans la fascination du monde incarnant.

Ainsi le matérialisme, comme abandon de l'esprit au donné matériel, apparaît comme un spiritualisme.

Les travaux conduits par J-F du Mérac sur "tempérament - identité" permettent de mieux se figurer, en traits, types, profils, les tendances (dominantes-complémentaires) de la fibre humaine en chacun. Notre personne étant le siège de comportement matière-esprit, nous sommes appelés à conscientiser, par l'esprit, la base matérielle de nos tendances. Alors : tempérer nos tempéraments : possible ? Moins par ses propres forces finalement, et plus avec l’aide d’autrui ...

Matière-esprit, psyché

Le principe d'animation des êtres (leur âme ?) paraît bien mystérieux. Si une majorité s'accorde pour reconnaître un esprit à la personne humaine, il n'en est pas de même sur la question de savoir si l'esprit humain est consistant en lui-même. Notre mort est-elle un retour de la vie au néant ou est-ce une séparation entre enveloppe matérielle (devenant dépouille) et esprit immortel de la personne ?

Si on me pose le question, j'avance ma conviction que la mort n'est pas la fin de mon être personnel. De matière-énergie à matière-esprit, les lectures duales (vite dualistes) de la composition humaine ne rendent pas compte d'une unité d'être dépassant la seule jonction de deux réalités complémentaires.

Le tiret entre les deux mots introduit en effet à une troisième entité procédant des deux premières. Et ce qu'on appelle le psychisme n'est-il pas l’interface entre fibre corporelle et esprit dans ses états ?